![Le "9 novembre 1989" de Nicolas Sarkozy suscite la polémique Le "9 novembre 1989" de Nicolas Sarkozy suscite la polémique](/data/posts/2022/07/15/1657863770_Le-9-novembre-1989-de-Nicolas-Sarkozy-suscite-la-polemique.jpg)
La publication sur Facebook d'un message du président Nicolas Sarkozy affirmant avoir assisté, photo à l'appui, à la chute du mur du Berlin le soir du 9 novembre 1989 fait polémique sur la Toile.
AFP - Des souvenirs qui s'emmêlent ou la tentation de se faire une place au soleil de l'Histoire ? Le récit par Nicolas Sarkozy de "son" 9 novembre 1989 à Berlin a suscité un flot de commentaires étonnés voire ironiques, qui en dénoncent les incohérences, notamment de date.
Dimanche le chef de l'Etat avait publié dans Facebook son récit de la nuit du 9 novembre. Photo à l'appui, il y raconte par le menu ses "coups de pioche" dans le béton du mur, porte de Brandebourg, juste après son ouverture.
Sitôt publiés, les souvenirs présidentiels intriguent. Premier à exprimer ses doutes, le journaliste de Libération Alain Auffray estime que l'histoire narrée par celui qui était alors le secrétaire général adjoint du RPR (ancêtre de l'UMP) "ne tient pas debout".
"Le 9 novembre au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Berlin (...) nous décidons de quitter Paris avec Alain Juppé (alors patron du RPR) pour participer à l'événement qui se profile", raconte Nicolas Sarkozy.
Impossible, selon le journaliste, qui assure que "les radios et télévisions ouest-allemandes n'ont évoqué la +libre circulation+ qu'à partir de 20H00" et que ce n'est qu'après "23H00 (...) que les gardes frontières est-allemands finirent par lever la barrière".
"Arrivés à Berlin ouest, nous filons vers la porte de Brandebourg où une foule enthousiaste s'est déjà amassée", poursuit le compte-rendu présidentiel.
Faux, répondent encore de nombreux témoins qui, articles de presse de l'époque à l'appui, rappellent que le soir du 9, la foule était massée à l'est et non à l'ouest du mur, que les Allemands de l'Ouest ne l'ont franchi qu'à partir du lendemain ou que sa destruction n'a débuté que le 10 novembre.
"Sarkozy avec Juppé à Berlin, ce n'était pas le 9 novembre, c'est certain", déclare une photographe qui a accompagné à Berlin la délégation RPR.
Sollicité par l'AFP, l'Elysée a écarté ces objections d'un revers de main. "Il n'y aucun doute, ils sont partis le 9 novembre et sont rentrés à Paris le 10", assure-t-on. Avant de renvoyer sur le récit d'Alain Juppé.
Sauf que la mémoire de l'ancien Premier ministre a semble-t-il failli. Après avoir assuré avoir rejoint le mur le 9 novembre, il a concédé lundi à l'AFP ne plus savoir "si c'était le 9, le 10 ou le 11". Dans son livre "La tentation de Venise" en 1993, M. Juppé a même daté cet épisode du... 16 novembre.
Une dépêche AFP datée du 17 novembre 1989 fait état d'une déclaration de M. Juppé au retour d'"une visite express à Berlin", où il était "accompagné de Nicolas Sarkozy".
Organisateur du voyage, un ex-responsable RPR Philippe Martel certifie qu'il a bien eu lieu le 9 novembre. Il se souvient aussi d'un rendez-vous avec le maire de Berlin, Walter Momper,... aussitôt démenti auprès de l'AFP par son ancien chargé de presse.
Même François Fillon, que Nicolas Sarkozy dit avoir "croisé" au pied du mur, y est allé de sa confirmation lundi lors d'un déplacement à Thionville (Moselle). Vingt ans après les faits, les souvenirs des uns et des autres restent difficiles à concilier.
Alors que la chancelière Angela Merkel a avoué qu'elle était "au sauna" lorsque le mur est tombé, le récit du président amuse. "Nicolas Sarkozy se serait-il trompé de mur ?", raille le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis. Ou agace. "Une fois de plus, il n'a pas résisté à la tentation de réécrire l'histoire", égratigne le porte-parole du PS Benoît Hamon.