
L'astronaute français Thomas Pesquet a accordé à France 24 et RFI un entretien exclusif depuis la Station spatiale internationale (ISS). Il aborde sa dernière sortie extravéhiculaire, l'arrivée d'un nouveau module de l'ISS ou encore la suite de sa mission. Il revient également sur le succès de la campagne de recrutement d'astronautes de l'ESA en regrettant le manque de candidates féminines.
Le 23 avril, Thomas Pesquet décollait avec la Mission Alpha, depuis le centre spatial Kennedy, pour sa deuxième mission en orbite autour de la Terre d'une durée de six mois, à bord de la Station spatiale internationale (ISS).
Trois mois après son arrivée dans l'ISS, et à mi-chemin de son deuxième séjour au-dessus de la Terre, le spationaute français revient dans cet entretien sur plusieurs points de sa mission et sur ses sensations à bord.
"Un temps un peu long" pour un deuxième séjour
Thomas Pesquet réagit à son séjour actuel dans l'ISS, interrogé sur son ressenti d'être loin de ses proches pour encore quelques mois et qui plus est dans un lieu exigu. "On peut trouver le temps un peu long, c'est clair", explique-t-il, "et bizarrement plus la seconde fois que la première".
"Psychologiquement, la deuxième mission est un peu plus difficile parce qu'il y a peut-être moins le plaisir de la découverte, l'excitation de se dire 'je suis dans l'espace ça va peut-être être la seule fois de ma vie'", se souvient le spationaute. "La première fois, je voulais vraiment tout faire, appeler tous mes amis au téléphone, prendre toutes les photos de la Terre où j'étais jamais allé, puis faire tout ce qu'on pouvait faire dans l'espace en une fois. Je ne savais pas si j'allais revenir."
Alors que cette fois, Thomas Pesquet ressent "moins de pression" et "un peu moins cette excitation" de la première fois dans l'ISS. Le spationaute relativise cependant : "En même temps, il y a d'autres métiers difficiles... ça fait partie du boulot, ce n'est pas la partie la plus drôle mais on a de la chance dans la station, on peut quand même communiquer par email, par téléphone, par vidéoconférence... donc on essaie de se concentrer sur les choses positives. On est tous patients, et on sait tous que le retour sur Terre sera un bon moment."
Une dernière sortie extravéhiculaire "vertigineuse"
Interrogé sur sa dernière sortie dans l'espace pour installer de nouveaux panneaux solaires sur la Station spatiale internationale, Thomas Pesquet se dit "content et soulagé" d'être arrivé à effectuer cette mission avec ses collègues.
"On se sent bien car on a réussi à installer ces panneaux solaires", poursuit-il, avant d'ajouter : "Ce n'était pourtant pas gagné. La première sortie ne s'est pas passée, si je puis dire, de manière entièrement nominale..."
Le spationaute évoque aussi les sensations lors de ces sorties : "C'était vraiment des charges lourdes, une chorégraphie compliquée, avec le bras robotique on était proches des panneaux solaires, il y avait toujours un peu de stress, il fallait toujours faire attention à ce qu'on faisait... C'était beaucoup plus vertigineux que ce que j'avais pu faire avant, et puis physiquement, c'était beaucoup plus difficile".
Un nouveau module dans une ISS... à l'avenir incertain
Alors que l'ISS est annoncée opérationnelle jusqu'en 2028 pour le moment, un nouveau module russe a été lancé, mercredi 21 juillet, vers la Station spatiale internationale. Soit sept ans avant une éventuelle fin programmée... "(Ce module) est utile, il a été pensé pour être lancé il y a quelques années donc il y a eu un peu de retard", précise Thomas Pesquet.
Le spationaute revient par ailleurs sur l'horizon 2028 : "On pense que c'est une date sur laquelle tout le monde s'est mis d'accord, mais personne ne s'interdit de penser que la Station spatiale internationale va pouvoir continuer un petit peu plus".
Pour Thomas Pesquet, l'avenir de l'ISS "va dépendre de plein de choses : des autres programmes qui se mettent en œuvre, de à quel point on va être rapide pour retourner vers la Lune..." Le spationaute précise aussi que "2028, c'est la fin annoncée du partenariat pour lequel toutes les agences (spatiales) internationales ont signé"... ce qui ne signe pas forcément la fin de la Station spatiale internationale à proprement parler. "Si une agence, par exemple nos collègues russes, décide de continuer", explique-t-il, "rien ne leur interdira de séparer leur morceau de station et de continuer à le faire voler".