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Téhéran met la patience des Occidentaux à rude épreuve

Au risque d'agacer les puissances occidentales, l'Iran réclame de nouvelles négociations sur le "projet d'accord" proposé par l'AIEA. Et demandé la livraison rapide de combustibles nucléaires avant l'envoi de son uranium à l'étranger.

L'Iran a fait savoir à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qu'il souhaitait une livraison de combustible nucléaire pour un réacteur à Téhéran avant d'accepter d'envoyer en Russie et en France la plus grande partie de son stock d'uranium enrichi, ont rapporté, vendredi, des diplomates.

En réclamant davantage de négociations sur le "projet d'accord" de l'AIEA concernant l'enrichissement à l'étranger de son uranium avant de formaliser sa réponse, l'Iran s'attire l'agacement de Washington et de Paris.

L'AIEA, qui a présenté le 21 octobre ce projet d'accord international, avait indiqué jeudi à Vienne avoir reçu "une première réponse" de l'Iran. Mais l'agence officielle iranienne Irna a affirmé, vendredi, qu'il ne s'agissait pas d'une réponse ferme.

"La République islamique a seulement fait part de son opinion positive sur la négociation et a dit qu'elle était prête à des négociations fondées sur des considérations techniques et économiques quant au moyen de fournir du combustible au réacteur de Téhéran", rapporte Irna, en citant une "source anonyme informée".

L'agence officielle précise que le message remis par Téhéran à l'AIEA "n'était pas une réponse au projet d'accord", ajoutant que la République islamique annoncerait sa position définitive après de nouvelles négociations.

Apaiser les inquiétudes des Occidentaux

Ce "projet d'accord" vise à apaiser les inquiétudes des capitales occidentales, lesquelles soupçonnent Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme civil, ce que l'Iran dément.

Selon des diplomates occidentaux, le projet initial de l'AIEA prévoit que l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1 200 de ses 1 500 kilos d'uranium faiblement enrichis (à moins de 5 %) pour le faire enrichir à 19,75 % en Russie, avant que la France n'en fasse des "cœurs nucléaires" pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA.

Selon Téhéran, cet uranium enrichi servirait uniquement à la fabrication d'isotopes nucléaires à des fins médicales.

La question de l'enrichissement d'uranium est cruciale car le minerai, enrichi à 90 %, peut permettre de fabriquer une bombe nucléaire.

Washington, Moscou et Paris, qui ont donné dès vendredi dernier leur feu vert au projet d'accord de l'AIEA, attendent depuis la réponse iranienne. Les Etats-Unis ont averti vendredi que l'Iran ne disposait pas d'un délai "illimité".

"Il ne s'agissait pas ici de parler pour le plaisir de parler, il s'agissait de parvenir à un accord que les Iraniens semblaient vouloir il y a encore quelques semaines", a réagi le porte-parole de la Maison blanche, Robert Gibbs.

L'idée d'un accord sur l'enrichissement de l'uranium iranien à l'étranger avait été présentée le 30 septembre par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lui-même.

Interrogations sur  les intentions de Téhéran

Peu avant la dernière annonce iranienne, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait indiqué que son pays cherchait à "déterminer" les intentions de Téhéran.

"Nous cherchons à déterminer ce qu'ils veulent exactement, pour savoir s'il s'agit d'une réponse initiale qui va être définitive ou s'il s'agit du début d'une démarche les conduisant là où nous souhaitons qu'ils aillent", a-t-elle dit sur CNN.

La France a appelé l'Iran "à donner sans délai une réponse formelle".

L'AIEA n'avait pas détaillé jeudi la nature de la "première réponse" iranienne.

Jeudi matin, les médias iraniens avaient fait état de "modifications" réclamées par Téhéran, qui pourraient porter sur les modalités de livraison et la quantité d'uranium livrée.

"La réponse iranienne transmise oralement à l'AIEA propose des changements au projet d'accord", a précisé vendredi un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, sans détailler les demandes iraniennes.

Il a précisé que la France se concertait avec ses alliés sur la réponse à apporter. La veille, un porte-parole du département d'Etat avait insisté sur l'"unité complète" de vues entre les interlocuteurs de Téhéran.