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Déçu de Benjamin Netanyahu, Benny Gantz vote pour la dissolution du Parlement israélien

Le partenaire du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le gouvernement d'union israélien, Benny Gantz, a voté, mercredi, en faveur d'une motion de l'opposition pour la dissolution du Parlement. Étant donné qu'il s'agit d'un vote préliminaire, Benny Gantz cherche surtout à faire pression sur le Premier ministre.

En désaccord avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le budget, Benny Gantz a apporté son soutien, mercredi 2 décembre, à une motion de l'opposition réclamant la dissolution du Parlement, ce qui pourrait donner lieu à un quatrième scrutin législatif en deux ans.

La motion a obtenu, mercredi après-midi, 61 votes favorables, y compris celui de Benny Gantz, tandis que 54 députés ont voté contre.

Le texte a été approuvé à la Knesset, mais trois autres votes sont nécessaires pour qu'il entre en vigueur, ce qui pourrait laisser aux deux têtes de l'exécutif le temps de surmonter leurs divergences.

Accusant l'actuel gouvernement d'union d'être le "pire de l'histoire d'Israël" et de ne pas avoir su gérer la crise du coronavirus, le chef de l'opposition Yaïr Lapid avait demandé la tenue d'un vote, mercredi, pour dissoudre la Knesset, le Parlement.

Dès mardi soir, Benny Gantz avait annoncé son soutien à la motion accusant notamment Benjamin Netanyahu de servir ses intérêts plutôt que ceux du pays. 

Dissensions

Benny Gantz avait toutefois appelé Benjamin Netanyahu, à faire "voter le budget par le gouvernement, afin que les citoyens d'Israël ne se retrouvent pas aux urnes en mars". Il a ainsi exhorté le Premier ministre à arriver à un compromis afin d'adopter le budget pour l'année 2020. Le pays n'a toujours pas de ligne directrice pour ses finances publiques.

"Le temps n'est pas aux élections, mais à l'unité", avait déclaré Benjamin Netanyahu, quelques minutes avant l'allocution de Benny Gantz, affirmant que la classe politique devait se souder face à la pandémie de Covid-19, qui a notamment fait exploser le chômage en Israël.

Ce désaccord entre les chefs de file du centre et de la droite sur le budget vient s'ajouter aux incertitudes liées à l'alternance aux États-Unis et au risque de représailles iraniennes, après l'assassinat du scientifique Mohsen Fakhrizadeh. L'État hébreu et les puissances occidentales le considéraient comme le principal maître d'œuvre du programme nucléaire de la République islamique.

Une dissolution du Parlement provoquerait la tenue de nouvelles élections nationales 90 jours plus tard, les quatrièmes en moins de deux ans, après trois scrutins ayant placé les troupes du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de l'ex-chef de l'armée Benny Gantz au coude-à-coude.

Après trois scrutins n'ayant permis à aucun des deux de rallier une majorité de députés sur les 120 de la Knesset, ils s'étaient entendus au printemps pour former un gouvernement d'union et de crise en pleine période de coronavirus. Mais ces derniers mois, la presse locale a fait état de nombreuses dissensions entre Benjamin Netanyahu et Benny Gantz.

Benny Gantz, 4e dans les sondages

Le vote de mercredi est un vote préliminaire. Et une dissolution de la chambre exige que le projet de l'opposition soit adopté en troisième lecture. Selon des commentateurs politiques, en votant cette motion visant à dissoudre la Knesset, Benny Gantz ne chercherait pas nécessairement à provoquer des élections mais à faire pression sur Benjamin Netanyahu afin de rétablir la coalition.

Les derniers sondages créditent le Likoud de Benjamin Netanyahu de la première place, devant la formation de droite radicale Yamina (opposition) de Naftali Bennett, le parti Yesh Atid Telem du centriste Yaïr Lapid et la formation Bleu-Blanc de Benny Gantz.

Lors des trois derniers scrutins, ces deux derniers partis avaient uni leurs forces dans une coalition, mais Benny Gantz avait fait éclater ce pacte pour rejoindre Benjamin Netanyahu et ainsi mettre fin à la plus longue crise politique de l'histoire d'Israël.

L'accord de gouvernement entre Benjamin Netanyahu et Benny Gantz prévoit un partage des ministères et une rotation pour le poste de Premier ministre qui doit échoir dans un an à l'ancien chef de l'armée. Quatrième dans les sondages, et sûr dans un an de diriger le gouvernement, Benny Gantz n'aurait pas avantage à provoquer de nouvelles élections selon la presse israélienne.

Hormis cette motion de l'opposition, si aucun consensus n'intervient sur l'adoption du budget d'ici le 23 décembre prochain, la Knesset se dissoudra et des nouvelles élections seront convoquées en mars 2021. 

Avec AFP et Reuters