
Plus grande manifestation mondiale de l’édition, la 61e Foire du livre de Francfort ouvre ses portes jusqu’à dimanche. Avec la Chine comme invitée d’honneur.
Quelques jours après l’attribution du prix Nobel de littérature à l’Allemande Herta Müller, Francfort accueille, ce mercredi, la 61e Foire du livre sur fond de crise économique. Mais contrairement à ses homologues étrangers qui ont dû revoir leur prétention à la baisse, le salon allemand a décidé, comme chaque année, de mettre 172 000 m² à la disposition des 7 000 exposants venus de plus d’une centaine de pays. Quelque 300 000 visiteurs sont attendus durant ces cinq jours qui mettront la Chine à l’honneur. Au total, plus de 500 événements visant à présenter la culture chinoise et à promouvoir le dialogue entre les cultures seront organisés.
Lors de la cérémonie d’ouverture, la chancelière allemande, Angela Merkel, accompagnée du vice-président chinois, Xi Jinping, a appelé au renforcement des échanges culturels pour promouvoir la paix mondiale : "Les livres font une différence, une différence qui menace les dictatures et renforce les démocraties, a déclaré Angela Merkel. La Foire est le cœur de la liberté d’expression, dont la littérature est le genre artistique par excellence."
Le défi chinois
Refusant de se rendre aux injonctions des autorités chinoises, l’écrivain Bei Ling, pourfendeur du régime chinois, a fait le déplacement jusqu’à la plus grande manifestation mondiale de l’édition. ‘’En littérature, à chaque fois que vous écrivez quelques chose, vous devez penser à ce qui peut être publié, confie-t-il à FRANCE 24. Il y a des sujets dont les journaux doivent parler et d’autres auxquels il ne faut pas toucher. D’autres encore qu’il ne faut pas aborder. Cette autocensure est en train de tuer les écrivains, leur imagination et la littérature.’’
Soucieux de couper court aux éventuelles critiques des défenseurs des droits de l’Homme, les organisateurs ont invité des dizaines d’ONG ainsi que des représentants des minorités chinoises opprimées, comme les Ouïghours et les Tibétains, à prendre part au salon. ‘’Nous condamnons fortement les atteintes aux droits de l’Homme, les atteintes à la liberté d’expression dans la République populaire de Chine. Mais éviter d’aborder des thèmes désagréables n’a encore jamais contribué à accélérer un processus de changement’’, explique à la presse le directeur de la Foire, Juergen Boos. Et d’ajouter : ‘’La Chine fascine et irrite. Nous acceptons de relever le défi.’’
Le numérique affiche ses ambitions
Les organisateurs ne sont pas les seuls, cette année, à être confrontés à un challenge. Le géant américain de l’Internet Google profitera de la Foire pour convaincre les éditeurs et le public européens du bien-fondé de son gargantuesque projet de numérisation.
Dans un entretien accordé au site Internet du quotidien ‘’La Tribune’’, David Drummond, directeur du développement et des affaires juridiques de Google, défend les ambitions du célèbre moteur de recherche, qui a déjà numérisé 10 millions d’ouvrages dans le monde. Selon lui, l’accord passé avec les éditeurs et auteurs américains ‘’offre de nombreux bénéfices au public comme l’accès à des livres épuisés ou inaccessibles. Il créé également un nouveau marché avec la possibilité de commercialiser des livres qui ne sont plus chez les éditeurs.’’ De là à ce que le pixel remplace définitivement l’imprimé…