REUTERS - Le champion cycliste belge Frank Vandenbroucke est mort lundi à l'âge de 34 ans, a-t-on appris auprès de l'un de ses proches.

Selon les médias belges, l'ancien coureur serait décédé d'une embolie pulmonaire tandis qu'il se trouvait en séjour au Sénégal.

Celui que la presse a surnommé "l'enfant terrible du cyclisme belge", dont le nom a été mêlé à des affaires de dopage, laissera le souvenir d'un grand talent trop vite gâché.

Avant même qu'il ne débute sa carrière, en 1994 au sein de l'équipe Lotto dirigée par son oncle Jean-Luc, le jeune Frank Vandenbroucke était considéré comme un phénomène appelé à gagner toutes les courses.

Son talent lui permettait de marcher sur les traces de ses illustres aînés, l'autorisait à dévoiler son ambition, tant dans les classiques que dans les grands Tours. Il avait 19 ans, en février 1994 quand il a gagné la première de ses 45 victoires dans une étape du Tour Méditerranéen et déjà il savait trouver les mots justes pour justifier l'intérêt des médias, faisant valoir la tradition cycliste de sa famille et sa forte personnalité.

En 1995, en cours de saison, il quittait sa première équipe pour rejoindre la prestigieuse Mapei dirigée par un autre Belge, Patrick Lefévère, un homme à poigne sachant dompter ce jeune homme déjà sujet à des tentations multiples.

En quatre années dans cette équipe, il gagne des classiques - Paris-Bruxelles, Gand-Wevelgem, le Grand Prix de Plouay mais aussi des courses par étapes d'une semaine comme le Tour d'Autriche et surtout Paris-Nice en 1998, après un exploit sous la neige dans une étape s'achevant sur les pentes du col de la République.

En 1999, il rejoint l'équipe française Cofidis avec laquelle il gagne Liège-Bastogne-Liège, le sommet de sa carrière, et illumine de toute sa classe le Tour d'Espagne dont il gagne deux étapes.

Dernières heures

Sans le savoir, Frank Vandenbroucke vit déjà les dernières grandes heures de sa carrière, n'ayant pas su conjuguer la sagesse requise par son sport et ses envies de vivre comme un jeune homme déjà riche et à qui personne ne résiste.

Dans cette même Vuelta, les patrons de l'équipe nordiste le laissent passer des nuits en discothèque entre deux étapes, se satisfaisant de le voir briller quelques heures plus tard.

Son témoignage entendu par les policiers du Quai des Orfèvres quant à sa relation avec le sulfureux Bernard Sainz, alias le docteur Mabuse, signe en juin 1999 le début d'affaires à répétition. Des affaires qui finissent par l'écarter du peloton et par le contraindre à des tentatives de 'come-back' toujours infructueuses.

Il quitte Cofidis en 2001 pour rejoindre les Italiens de la Lampre avec lesquels il est très peu apparu en course. Souffrant d'une grave dépression nerveuse, il subit une cure de sommeil en janvier et ne remonte quasiment plus sur son vélo. Il remet en 2002 sa carrière dans les mains de Patrick Lefévère, devenu le manager de l'équipe Domo.

Son début de saison est très convaincant mais la police belge saisit des produits interdits à son domicile après l'arrestation de Bernard Sainz lors d'un contrôle routier. Il est suspendu pendant six mois mais Lefévère lui tend une nouvelle fois la main et en 2003, tout le monde imagine que 'VDB' s'est acheté une conduite.

Fin 2003, la carrière et la vie de Frank Vandenbroucke se délitent. Son nom apparaît dans la rubrique des faits divers quand sa femme italienne se plaint de coups et blessures mais plus jamais dans la rubrique sportive sinon pour dire qu'il s'est inscrit en 2006 sous l'identidé de Francesco del Ponte avec une photo de Tom Boonen au départ d'une cyclosportive.

A bout, dans une existence vide de sens, ruiné et partageant sa vie chez ses parents ou chez des amis en Italie, il avait tenté de mettre fin à ses jours en 2007.

Cette année, avec l'aide de son ami Nico Mattan, il s'était de nouveau entraîné et avait disputé de modestes courses en Belgique et dans le Nord de la France, sans être rémunéré.

La chronique se plait à préciser que sa dernière victoire a été acquise, au printemps dernier, dans une étape contre la montre des Boucles de l'Artois. Quinze années après avoir fait naître les plus grands espoirs dans une étape du Tour Méditerranéen.

C'est en Afrique, loin des siens qu'il chérissait, que Frank Vandenbroucke s'est éteint, dans une chambre d'hôtel, comme son ami Marco Pantani en 2004. Le 6 novembre, il aurait eu 35 ans.