logo

Après sa sortie sur les "Proud Boys", Donald Trump fait machine arrière

Après avoir tenu des propos ambigus mardi soir, lors du débat présidentiel face à Joe Biden, sur le groupuscule de suprématistes blancs "Proud Boys", le président américain Donald Trump a fait machine arrière mercredi, appelant ces milices d'extrême droite à "laisser la police faire son travail". 

Il plaide l'ignorance. Au lendemain de ses déclarations houleuses sur les "Proud boys" lors du premier débat de la campagne présidentielle américaine, face à Joe Biden, Donald Trump a fait machine arrière. "Je ne sais pas qui sont les Proud Boys", a affirmé le président américain le 30 septembre. "La seule chose que je peux dire est qu'ils doivent se retirer et laisser la police faire son travail", a-t-il ajouté. 

Un retropédalage soigneusement orchestré par son équipe de communication qui avait déjà essayé d'éteindre la mèche mardi soir. Dans le premier débat qui l'a opposé à Joe Biden, son adversaire démocrate à l'élection présidentielle de novembre, Donald Trump s'était empêtré lorsqu'il avait été interrogé à propos du groupuscule de suprématistes blancs.

Le président américain a d'abord esquivé lorsque le journaliste Chris Wallace lui a demandé de condamner le groupe. Puis il a enfoncé le clou, appelant les Proud Boys à "reculer et à se tenir prêts" ("Stand Back, Stand By"). "On doit faire quelque chose au sujet des antifas", a-t-il déclaré, assurant qu'aux Etats-Unis, les violences émanent bien davantage de l'extrême gauche que de l'extrême droite.

Le débat présidentiel n’était pas terminé que les membres du groupe célébraient déjà, sur les réseaux sociaux, cette légitimation. Les "Proud Boys", fervents supporters du républicain, ont immédiatement adopté le slogan, postant sur les réseaux sociaux un logo jaune et noir avec la mention "Stand Back, Stand By". "Le président a demandé aux Proud Boys de se tenir prêts, parce que quelqu'un doit s'occuper des ANTIFAS... Eh bien, Monsieur le président, nous sommes prêts", a exulté Joe Biggs, l'un des chefs du groupuscule qui n'hésite pas à faire le "coup de poing" contre les militants antifascistes.

The Proud Boys are ecstatic tonight about getting mentioned in the debate tonight.

"Trump basically said to go fuck them up! this makes me so happy," writes one prominent Proud Boy. pic.twitter.com/hYA7yQVAOn

— Mike Baker (@ByMikeBaker) September 30, 2020

Une organisation de "mecs", "chauvins pro-Occidentaux" et "pro-femmes au foyer" 

S'il ne le savait pas encore mardi soir, Donald Trump a dû apprendre depuis que les "Proud Boys" ("garçons fiers") sont un groupe fondé en 2016 à New York par Gavin McInnes, également cofondateur du magazine "Vice" en 1994. Ce dernier avait alors décrit le groupuscule comme une "organisation chauviniste pro-Occidental pour des hommes qui refusent de s'excuser d'avoir créé le monde moderne".

Dans une vidéo, Gavin McInnes – qui a quitté la tête du groupe en 2018 – assure que les "Proud Boys" ne font pas de discrimination en fonction de la couleur de peau ou de la religion. "C'est une organisation fraternelle, multiraciale, avec des hommes hétéros, gays, des juifs. On a même des musulmans ! Le seul prérequis est d'être un mec, né mec", précise-t-il, "et d'accepter que les Occidentaux sont les meilleurs". 

Selon le site Proud Boy Magazine, le groupe compte parmi ses valeurs : une gouvernance minimale, une liberté maximale, l'anti-politiquement correct, la guerre anti-drogue, la fermeture des frontières, la défense du port d'armes, la glorification de l’entrepreneur, ou encore la vénération de la femme au foyer. Les "Proud Boys" revendiquent le recours à la violence pour défendre ces valeurs. "Je veux de la violence, je veux des coups de poing au visage. Je suis déçu que les partisans de Trump n'aient pas suffisamment frappé", a déclaré Gavin McInnes. 

L'organisation a été décrite comme "un groupe de haine" par le Southern Poverty Law Center, une association qui observe les groupes d'extrême droite. Le média américain Vox a qualifié les "Proud boys" de "hipsters racistes". Présents à la plupart des rassemblements en soutien à Donald Trump, les "Proud Boys" ciblent les supporters du mouvement Black Lives Matter et les antifas, les groupes qui s'opposent frontalement  à l'extrême droite et au racisme. 

Condamnation des démocrates 

Pour le camp démocrate, les déclarations de Trump mardi soir ont été du pain béni. "Il n'y a pas d'autre façon de le dire : le président des États-Unis a refusé de désavouer les suprémacistes blancs lors du débat hier soir", a commenté Joe Biden sur Twitter, mercredi. "Mon message aux Proud Boys et à tout autre groupe de suprémacistes blancs est 'arrêtez tout'", a-t-il insisté devant la presse. 

There’s no other way to put it: the President of the United States refused to disavow white supremacists on the debate stage last night. pic.twitter.com/Q3VZTW1vUV

— Joe Biden (@JoeBiden) September 30, 2020

"On a demandé au président Trump de condamner le suprémacisme blanc. Il a refusé […] le président Trump est une honte nationale, et les Américains ne le toléreront pas", a pour sa part réagi le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. 

"Si vous êtes avec [le président], vous êtes avec les suprémacistes blancs. C'est tout simple", a réagi la joueuse de football Megan Rapinoe, militante pour les droits des femmes et des personnes LGBT.

Avec AFP et Reuters