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Le romancier espagnol Juan Marsé est décédé le 18 juillet à l'âge de 87 ans. Natif de  Barcelone, il racontait et réinventait sans cesse sa ville, théâtre d'une enfance au temps du franquisme. 

"La littérature est un règlement de comptes avec la vie", disait Juan Marsé. L'écrivain barcelonais, auteur de quinze romans en près de soixante ans, est décédé le 18 juillet à l'âge de 87 ans. 

L'une de ses oeuvre les plus célèbres, "Teresa l'après-midi" (1966) est la chronique d'une passion transgressive entre un fils de pauvre et une étudiante des quartiers chics. Une oeuvre inacceptable pour l'Espagne puritaine et "nationale catholique" de Francisco Franco, où la censure trancha : "le roman présente différentes scènes scabreuses, son fond est franchement immoral et il y fait de nombreuses mentions politiques à caractère gauchiste". Mais la sentence n' jamais détourné ce narrateur né de l'écriture. 

Ouvrier écrivain 

Juste après sa naissance en 1933, sa mère meurt et son père, chauffeur, propose le nouveau-né à un couple sans enfant. Le bébé, adopté par une infirmière et un "dératiseur" de cinémas, devient Juan Marsé Carbo.

Dans l'après-guerre civile, remportée en 1939 par les troupes nationalistes de Franco, son père adoptif va en prison comme "rouge" (communiste) et républicain. Lui-même quitte l'école dès ses 13 ans pour devenir ouvrier en joaillerie: "le besoin d'apporter un autre salaire à la maison me libéra d'un collège ennuyeux où l'on ne m'apprenait qu'à chanter le Cara al sol (hymne de l'extrême droite et du franquisme, ndlr) et réciter le rosaire", dira-t-il.

À 24 ans, pendant son service militaire, il esquisse son premier roman : "Enfermés avec un seul jouet" (1960), centré sur une jeunesse bourgeoise désorientée après la guerre civile. L'ouvrier épate le monde littéraire, d'autant plus que "presque tous les écrivains, du moins à Barcelone, étaient issus de la bourgeoisie", a-t-il relevé. Dès lors il ne va plus cesser de reconstruire dans ses romans le quartier populaire de son enfance et souvent, faire revivre la Barcelone réprimée sous la dictature: républicaine, catalaniste, laïque.

"La dualité culturelle et linguistique de la Catalogne"

Parlant le catalan en famille, il écrivait en espagnol et valorisa toujours ce qu'il appelait "la dualité culturelle et linguistique de la Catalogne". Il critiquait durement le mouvement indépendantiste - qui l'ennuyait profondément - comme la projection d'"une Catalogne qui n'existe pas". Marsé a reçu de nombreux prix littéraires dont le Planeta 1978 pour "La fille à la culotte d'or". 

Avec AFP