À Moscou, le déconfinement commence avec la réouverture des commerces. Les habitants devront quant à eux attendre le 14 juin pour circuler librement, alors que la Russie faisait état lundi de 9 035 nouveaux cas.
Timide retour à la normale en vue à Moscou. La capitale russe, se fiant à une amélioration de sa situation épidémiologique, a rouvert lundi 1er juin ses commerces fermés depuis deux mois, mais, prudence oblige, des millions de Moscovites doivent rester confinés chez eux.
Le président Vladimir Poutine attend, lui, que le gouvernement remette un plan de relance économique jusqu'en 2021 pour répondre aux coups portés par la pandémie de nouveau coronavirus.
"Son but principal est le passage vers une trajectoire en vue d'une croissance pérenne, avec une hausse des revenus de nos citoyens", a expliqué, selon les agences russes, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, le pays tablant à cause de la pandémie sur une chute de son PIB de 5 à 6 % cette année.
Par ailleurs, le Kremlin a annoncé lundi la nouvelle date du référendum constitutionnel initialement prévu en avril et repoussé à cause du Covid-19. Il aura finalement lieu le 1er juillet. En cas de succès, il ouvrirait la voie à des mandats supplémentaires potentiels à Vladimir Poutine.
Si l'épidémie semble stabilisée depuis la deuxième moitié de mai, la capitale continue d'enregistrer un grand nombre de nouveaux cas – 2 297 selon le décompte de lundi, et 76 morts. Au total, la Russie a recensé 9 035 cas de plus et 162 décès, portant les totaux respectifs à 414 878 et 4 855. De nombreuses régions ont pu lever des restrictions avant Moscou, la gravité de l'épidémie y en été moindre.
Une capitale économiquement exsangue
Après deux mois de fermeture dans la capitale, le moteur économique du pays, la réouverture des commerces est une mesure très attendue tant leurs finances sont exsangues, malgré des mesures gouvernementales de report d'impôts ou de prêts à taux zéro.
Selon une étude publiée par le Centre des recherches stratégiques en avril, près d'un tiers des entreprises russes risquent la faillite à cause de la chute de la demande causée par l'épidémie et le confinement. Le commerce au détail et les services sont les plus touchés, précise l'étude.
Si les magasins et centres commerciaux rouvrent (deuxième étape du déconfinement après la reprise de l'industrie et des chantiers mi-mai), les habitants de la capitale devront attendre au moins le 14 juin avant de pouvoir librement circuler. Même s'ils peuvent désormais faire des courses autres qu'alimentaires, vêtus de masques et de gants, les millions de Moscovites ne disposant pas de laissez-passer les autorisant à travailler hors de chez eux devront toujours passer l'essentiel de leur temps à domicile.
Les promenades sont autorisées depuis lundi, mais seulement trois fois par semaine en respectant un système de créneaux basé sur l'adresse de chacun et dont la complexité est telle qu'il a été très largement moqué en ligne.
Un retour à la normale visé pour le 24 juin
Le maire de la ville, Sergueï Sobianine, a jugé nécessaire un tel mécanisme, de crainte que trop de gens ne sortent à la fois dans les rues et les parcs. Tous les lieux de loisirs, y compris les restaurants, les cinémas et les terrains de jeux et terrains de sport resteront fermés. Et il reste interdit de s'assoir sur les bancs publics, même si cette mesure n'est guère respectée.
La prochaine étape du déconfinement de la capitale russe ne devrait pas avoir lieu avant deux semaines. Car les autorités ont une date en ligne de mire pour un semblant de normalité : le 24 juin, jour du grand défilé militaire commémorant la victoire soviétique sur les nazis. Il aurait dû avoir lieu le 9 mai, mais le Kremlin avait dû se résoudre à le reporter – à contrecœur puisqu'il comptait sur cet évènement pour célébrer la puissance retrouvée de la Russie à l'international.
Le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov, a dit dimanche lors d'une émission télévisée espérer que les mesures de confinement auront été levées d'ici la date du défilé.
"On va espérer que pour la parade, il ne restera quasiment rien de ce régime", a-t-il déclaré.Avec AFP