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Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé vendredi l'interdiction immédiate de plus de 1 500 modèles d'armes d'assaut de calibre militaire, moins de deux semaines après la pire tuerie de l'histoire du pays, qui a fait 22 victimes.

Moins de deux semaines après la pire tuerie de l'histoire du Canada, Justin Trudeau a annoncé vendredi 1er mai l'interdiction des armes d'assaut, honorant une promesse de campagne très attendue dans la foulée d'une série de fusillades qui ont choqué le pays.

"Ces armes n'ont été conçues qu'à une seule et unique fin : tuer le plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible. Et elles n'ont aucune utilité et n'ont pas leur place au Canada", a dit le Premier ministre lors de sa conférence de presse quotidienne.

Le gouvernement a adopté un décret interdisant l'utilisation, la vente, l'importation et le transport de ces armes d'assaut de type militaire.

Les armes à feu de style arme d’assaut conçues à des fins militaires n’ont pas leur place dans nos communautés. C’est pourquoi on va interdire 1 500 d’entre elles aujourd’hui. Détails : https://t.co/BC7OiiegG0

— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) May 1, 2020

L'annonce survient douze jours après qu'un homme a tué 22 personnes en Nouvelle-Écosse, dans le sud-est du pays. L'assaillant avait mis le feu à des maisons et utilisé plusieurs armes, dont au moins une décrite par la police comme une arme d'assaut désormais interdite. Il avait finalement été abattu par la police.

"À travers le pays, beaucoup de gens utilisent des armes à feu de façon légale et responsable, que ce soit pour travailler ou chasser. Mais vous n'avez pas besoin d'un AR-15 pour abattre un cerf", a déclaré Justin Trudeau.

Les propriétaires de ces armes "respectueux des lois" pourront se prévaloir d'une période d'amnistie de deux ans afin de se conformer à la nouvelle réglementation, a-t-il ajouté.

Des fusillades plus fréquentes

Bien que moins nombreuses qu'aux États-Unis, les fusillades ne sont pas si exceptionnelles au Canada et elles ont même tendance "à se produire plus souvent qu'auparavant", a souligné le Premier ministre.

"Des événements comme la tragédie survenue récemment en Nouvelle-Écosse, l'attentat au Centre culturel islamique de Québec en 2017 et le massacre de l'École Polytechnique de Montréal en 1989 n'auraient jamais dû se produire", a dit Justin Trudeau.

Le 29 janvier 2017, un homme proche des milieux d'extrême droite, Alexandre Bissonnette, avait ouvert le feu sur des fidèles rassemblés pour prier à la mosquée de Québec, tuant six personnes et en blessant grièvement plusieurs autres.

Le 6 décembre 1989, un homme de 25 ans se revendiquant "antiféministe" avait fait irruption dans des salles de classe de l'École polytechnique à Montréal, armé d'un fusil et d'un couteau, avant de tirer exclusivement sur des femmes, tuant 13 étudiantes et une secrétaire.

Cette tragédie, alors sans précédent dans le pays, avait mené à la création en 1995 d'un registre rendant obligatoire l'enregistrement des armes à feu au Canada, finalement aboli pour les armes de chasse en 2012 par le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Une promesse de campagne

Justin Trudeau avait fait de cette interdiction une promesse phare de la campagne électorale qui l'a mené au pouvoir en 2015. Et il l'avait réitérée lors des législatives d'octobre dernier.

Son gouvernement compte présenter prochainement un projet de loi prévoyant "une compensation juste" pour les propriétaires des armes désormais bannies, mais des survivants de précédentes tueries disent d'ores et déjà craindre que ce programme de rachat ne soit pas obligatoire.

Une mesure largement soutenue par les Canadiens

Au Canada, il y a actuellement plus de 100 000 armes à feu à autorisation restreinte en circulation parmi les modèles maintenant prohibés, selon le gouvernement.

Parmi les armes désormais bannies figurent la Ruger mini-14 utilisée lors du drame de Polytechnique, la carabine Vz58 de la Mosquée de Québec ou encore les carabines M16, AR-10 et AR-15.

Près de quatre Canadiens sur cinq sont favorables à cette interdiction, selon un sondage vendredi de l'institut Angus Reid, qui a consulté 1 581 personnes de mardi à jeudi.

Avec AFP