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Massacres dans des prisons au Honduras, des dizaines de morts

Au moins 36 personnes ont été tuées ce week-end lors d'affrontements dans des prisons au Honduras, malgré l'appel du président à enrayer une vague d'assassinats dans ces prisons.

Week-end sanglant au Honduras. Au moins 36 personnes ont été tuées, samedi 22 et dimanche 23 décembre, lors d'affrontements dans des prisons honduriennes. Des établissements dont l'armée et la police tentent de reprendre le contrôle après une vague d'assassinats liés aux "maras", les bandes criminelles qui infestent le pays.

Dimanche après-midi, ce sont au moins 18 personnes qui sont mortes lors d'un conflit entre détenus dans une prison du centre de ce petit État d'Amérique centrale.

Ces affrontements "à l'arme à feu, au couteau et à la machette", qui ont également fait deux blessés, ont éclaté dans la prison d'El Porvenir, à 60 km au nord de la capitale Tegucigalpa, selon le sous-lieutenant José Coello, qui a rendu publique la liste des victimes.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une autre fusillade avait également fait 18 morts, ainsi que 16 blessés, dans la prison de la ville portuaire de Tela, à 200 km au nord-ouest de Tegucigalpa.

Selon les chefs du corps spécialisé de l'armée et de la police contre le crime organisé, les gangs ont déchaîné cette vague de violence dans les prisons afin d'"empêcher la prise de contrôle nécessaire des centres pénitentiaires du pays", qualifiés "d'académies du crime".

Frère du président

Ces massacres sont survenus peu après que le président hondurien, Juan Orlando Hernandez, a invoqué la nécessité d'enrayer une vague d'assassinats dans les prisons. Il a ainsi ordonné à la police et l'armée, le 17 décembre, de reprendre le contrôle des prisons. Pour cela, quelque 1 200 policiers et militaires doivent être déployés dans 18 des 27 prisons du pays, où s'entassent plus de 21 000 détenus dans ce pays qui compte un peu moins de 10 millions d'habitants.

La décision présidentielle a été prise quatre jours après l'assassinat du directeur de la principale prison de haute sécurité du pays d'El Pozo I, à Santa Barbara, dans l'ouest du pays. Ce dernier avait été suspendu peu auparavant pour les besoins d'une enquête sur sa présence lors de l'assassinat par des détenus de Magdaleno Meza, un trafiquant de drogue dont les aveux et des carnets de note avaient permis d'accuser le frère du président hondurien, Juan Antonio "Tony" Hernandez.

Le frère du chef de l'État a été jugé coupable de trafic de drogue par un tribunal de New York. Il risque une peine de prison à perpétuité en janvier. Le président Hernandez a dénoncé l'inculpation de son frère cadet, estimant qu'elle était fondée sur "le témoignage d'assassins avoués".

Un taux de meurtres neuf fois supérieur à la moyenne mondiale

L'avocat de Magdaleno Meza a accusé le gouvernement d'avoir commandité l'assassinat de son client en représailles de sa collaboration avec la justice américaine dans le procès contre le frère du président.

José Luis Pinto, un avocat qui avait représenté le trafiquant de drogues et d'autres membres du cartel des frères Valle Valle, extradés aux États-Unis, a été assassiné le 9 décembre. Âgé de 38 ans, l'avocat a été abattu dans une cafétéria de Copan, à 200 km au nord-ouest de Tegucigalpa.

En février 2012, l'incendie de la prison de Comayagua (centre du Honduras) avait provoqué la mort de 362 détenus. Deux autres incendies de centres pénitentiaires ont fait 107 morts en avril 2014 à San Pedro Sula (nord), et 68 victimes en juin 2008, près du port de La Ceiba (côte caraïbe).

Avec un taux de 40 homicides pour 100 000 habitants en 2018, le Honduras reste l'un des plus dangereux pays au monde. En 2011, son record s'établissait à 86,5 homicides pour 100 000 habitants, soit près de neuf fois la moyenne mondiale.

Avec AFP