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Mort d'Al-Baghdadi : "Quand le shérif flingue le calife"

À la Une de la presse internationale, lundi 28 octobre, "quand le shérif flingue le calife" ou "l'incroyable assaut" qui a conduit à la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'organisation État islamique. Un raid américain dans l'ouest de la Syrie vécu comme une séance de cinéma par le président américain. Au Liban, la chaîne humaine de Tyr à Tripoli illustre l'état d'esprit de la "révolution" en cours, sorte de "Mai 68" libanais.

C’est le récit d’un "incroyable assaut" à la une du Parisien, à l’image d’un film de guerre ou d’un western, où le "shérif flingue le calife" résume Libération. Un film d’action, c’est ainsi que l’a rapporté en conférence de presse le président américain Donald Trump. La mort d’ Abou Bakr Al-Baghdadi a été pilotée depuis la "situation room", la salle de crise de la Maison Blanche. Une photo reprise par de nombreux journaux et qui rappelle celle de Barack Obama lors de l’assaut qui avait conduit à la mort d’Oussama Ben Laden, chef historique d’Al-Qaïda. Pour le Figaro, "Trump porte un coup majeur à l’État islamique", même si cette victoire reste "symbolique et non stratégique". Depuis la perte de son "califat" à cheval sur l’Irak et la Syrie, "il n’avait plus de rôle opérationnel très important et avait laissé à d’autres le soin de diriger une structure en mutation depuis la défaite territoriale".

De son côté, le New York Times choisit la sobriété et se contente de rapporter que "le leader de l’organisation État islamique est mort dans un raid… disent les autorités américaines". Le journal américain, qui souligne néanmoins que si "le président présente le décès du dirigeant de l’organisation État islamique comme une validation de sa stratégie de désengagement, il a fallu compter sur des agences de renseignement et des alliés kurdes qu’il a rejetés" mais qu’il s’est empressé de remercier après l’opération.

Le Temps pointe une "victoire tactique mais une incertitude stratégique". En tuant l’ennemi des États-Unis, Donald Trump "a pris le risque de le transformer en martyr". Selon le journal suisse, Al-Qaïda n’a guère souffert de la mort de son dirigeant historique Oussama Ben Laden et s’est même renforcée sur plusieurs théâtres d’opérations comme le Yémen ou la Syrie. Le Journal panarabe Al-Araby Al-Jadid s’interroge quant à l’avenir de l’organisation terroriste après la mort de son chef   : va-t-elle encore menacer la sécurité mondiale   ? Se diviser en plusieurs groupes   ? Et qui pour prendre la succession d’Abou Bakr al-Baghdadi   ?

La presse libanaise, elle, revient sur cette chaine humaine qui a relié dimanche Tripoli à Tyr, en passant par la capitale. Près de 100   000 personnes main dans la main, symbole d’unité dans la révolte, estime L'Orient-Le Jour. Dans son edito, Michel Touma parle de l’esprit d’une "révolution à l’œuvre", celle d’un "Mai 68" libanais. Derrière la chaîne humaine, il y a l’impasse politique, décrypte Al Joumhouria. Les autorités sont tiraillées entre l’option du remaniement ministériel ou celle d’un changement total de gouvernement. Mais l’impasse est totale rappelle L’Orient-Le Jour  : le Premier ministre Saad Hariri est pris en étau entre la pression de la rue et le Hezbollah, qui rejette toute démission du gouvernement.