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Mondial de rugby : les Eagles risquent d’y laisser des plumes

Les rugbymen américains débutent jeudi leur Coupe du monde avec un match très relevé face à l’Angleterre. Et le reste du programme sera difficile pour ce groupe peu expérimenté.

Les États-Unis et l’Angleterre ont rarement l’occasion se rencontrer deux fois en moins d’une semaine. La première s’est présentée le week-end dernier, dans le cadre du tournoi de rugby à 7 de l’Oktober Fest à Munich, les deux équipes se disputant la 7e place de ce tournoi international relevé. L’Angleterre l’a emporté 12 à 7. Cette fois, c'est en Coupe du monde de rugby à XV que les deux équipes se retrouveront, jeudi 26 septembre à Kobe, pour une confrontation qui risque fort de tourner, une fois de plus, à l’avantage des Anglais.

Les États-Unis auront en effet bien du mal à rivaliser avec le XV de la Rose, actuellement troisième nation mondiale, alors qu'eux pointent à la 13e place et appartiennent à la deuxième division du rugby mondial. Ils ont certes participé à pratiquement toutes les Coupes du monde depuis la création de cette compétition en 1987. Mais les victoires se font rares, la dernière remontant à septembre 2011 face à la Russie (13-6). Et les Eagles se retrouvent dans la poule de qualification la plus relevée du Mondial au Japon : après les Anglais, ils devront se frotter aux Français, aux Argentins puis aux Tongiens.

Leurs chances de se qualifier pour les quarts de finale sont logiquement très maigres. Mais il est cependant essentiel pour eux de faire bonne figure dans cette compétition. Car le rugby américain connaît actuellement une nouvelle phase de développement, dans le sillage du lancement en 2018 de la Major League Rugby, une compétition professionnelle qui compte actuellement neuf clubs. Les deux premières saisons ont vu la victoire des Seattle Seawolves. Pour la troisième saison, trois équipes supplémentaires sont attendues et le format de la compétition devrait changer, deux conférences devant voir le jour à l’est et l’ouest du pays.

Des joueurs disséminés

Le nombre de rugbymen, qui avoisine les 132 000 licenciés actuellement, devrait donc logiquement continuer à augmenter dans le pays, profitant à terme aux différentes équipes nationales. Ce nouveau championnat attire cependant également beaucoup de joueurs étrangers, notamment d’anciens internationaux qui veulent tenter une nouvelle expérience en fin de carrière. C’est le cas du trois-quart centre français Mathieu Bastareaud, actuellement joueur du club de Lyon, qui a choisi de rejoindre pour quelques mois la saison prochaine la franchise de New York, où il devrait notamment côtoyer l’ancien international anglais Benjamin Foden.

Une douzaine de joueurs évoluant dans ces franchises professionnelles ont été retenus dans le groupe de 31 Américains sélectionnés pour le Mondial. Les autres jouent principalement en Europe, dans des clubs plus ou moins huppés. Et il est très difficile pour l’encadrement américain de réussir à réunir régulièrement ces joueurs disséminés sur plusieurs continents. Et les matches internationaux se font rares, à l’exception de ceux organisés chaque année dans le cadre de l’America Rugby Championship, auquel participent le Canada, le Chili, l’Uruguay, le Brésil et l’équipe réserve d’Argentine. Une compétition gagnée deux fois par les Américains sur les quatre premières éditions.

Plusieurs observateurs avertis pensent cependant que les Eagles sont sur la bonne voie et qu’ils vont pouvoir le démontrer au Japon. Interviewé par le New York Times, l’ancien capitaine américain Dan Lyle insiste sur le fait que les joueurs sont désormais beaucoup plus professionnels et que les "États-Unis ne boitent pas en abordant cette Coupe du monde". Cet ancien joueur, qui a porté 45 fois le maillot américain, se réjouit de voir de nombreux jeunes dans ce groupe car ils vont acquérir de l’expérience en vue des prochaines éditions de la Coupe du monde. C’est le cas du pilier David Ainu’u, âgé de moins de 20 ans. Habituellement, il joue avec les espoirs du Stade toulousain, il affrontera jeudi des adversaires anglais d’un tout autre calibre.