Monument de la photographie du XXe siècle, l'Américain d'origine suisse Robert Frank est mort, lundi 9 septembre, à l'âge de 94 ans, a annoncé mardi 10 septembre, le New York Times, citant son galeriste new-yorkais Peter MacGrill.

De nombreux photographes ont immédiatement rendu hommage sur les réseaux sociaux à celui qui, avec ses clichés noir et blanc loin de "l'American Dream", avait souvent transformé à jamais leur regard.

Robert Frank était devenu célèbre avec son album , qui s'inscrivait dans la lignée de la Beat Generation, mouvement littéraire et artistique, où suivre l'instinct l'emporte sur les fondements des techniques du photojournalisme. Les photos sont comme happées et non plus cadrées.

"Vous avez des yeux"

Refusé par les éditeurs américains, "Les Américains" paraît d'abord en France en 1958 chez Robert Delpire. Il regroupe 83 photographies, sur plus de 28 000 (soit 700 pellicules) prises par l'auteur lors d'un voyage à travers 48 États américains. L'ouvrage avait été fraîchement accueilli, considéré comme déprimant et subversif, révélant la face sombre de l'"American dream" : pauvreté, ségrégation, inégalités et solitude.

De nombreux photographes ont immédiatement rendu hommage à celui qui avait profondément influencé leur regard. "Repose en paix, génie américain", écrivait ainsi Jerry Saltz, critique du magazine New York et lauréat du prix Pulitzer de la critique. 

Beaucoup rappelaient une phrase de l'écrivain Jack Kerouac, qui avait préfacé "Les Américains". "Avec son petit appareil photo, qu'il élève et manipule d'une seule main, il a tiré de l'Amérique un triste poème, prenant sa place parmi les poètes tragiques de ce monde", avait écrit l'auteur de "Sur la route" avant d'ajouter: "A Robert Frank j'envoie ce message : vous avez des yeux".

Avec AFP