
Amnesty International a exprimé vendredi ses craintes grandissantes quant à la sécurité d'une députée du Parlement libyen, enlevée il y a près d'un mois à Benghazi.
Un mois après son enlèvement à Benghazi [au nord-est de la Libye], l'ONG Amnesty International a lancé un appel vendredi 16 août pour alerter sur la situation de la députée libyenne Siham Sergewa.
"Cet enlèvement horrible […] illustre le danger couru par les femmes actives dans la vie publique libyenne qui osent exprimer des critiques contre les milices", a indiqué Magdalena Mughrabi, directrice-adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International, citée dans un communiqué. "Les craintes quant à sa sécurité grandissent davantage chaque jour", a-t-elle ajouté.
Une attaque en punition ?
Cette femme politique a disparu le 17 juillet à Benghazi, siège du Parlement élu, après l'attaque de son domicile par un groupe armé, au lendemain de son intervention sur la chaîne Libya al-Hadath, télévision proche de l'homme fort de l'est libyen Khalifa Haftar dont Benghazi est le fief.
Dans son intervention, Siham Sergewa avait appelé à l'arrêt des combats et dénoncé le "radicalisme" de certains députés acquis à la cause d'un camp ou de l'autre, responsable selon elle de la division du Parlement. Le maréchal Haftar a lancé le 4 avril une offensive pour tenter de prendre la capitale Tripoli, où est basé le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU.
La députée "semble avoir subi cette attaque en punition pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions et critiqué l'Armée nationale libyenne (ANL)" autoproclamée par Khalifa Haftar, estime Magdalena Mughrabi.
Des témoins de l'attaque ont indiqué que les assaillants étaient affiliés à l'ANL, selon le communiqué d'Amnesty, dans lequel il est précisé que le mari de la députée a été blessé à la jambe par un tir et son fils de 16 ans "violemment battu". Un graffiti indiquant "l'armée est une ligne rouge" a été peint dans leur maison, a indiqué l'ONG, précisant qu'un témoin avait vu le groupe armé arriver dans des voitures sur lesquelles on pouvait lire "police militaire".
De nouveau raids des forces pro-Haftar
Trois personnes ont été blessées dans des raids menés vendredi par les forces du maréchal Haftar contre deux aéroports sous contrôle du gouvernement d'union nationale (GNA) dans le nord de la Libye, selon des communiqués de ce gouvernement. Pour la seconde fois en moins de 48 heures, l'aérodrome de Zouara (120 km à l'ouest de Tripoli) et Mitiga, le seul fonctionnel de la capitale, ont été visés par des attaques.
Les forces pro-Haftar ont "également visé d'autres hangars […] situés à l'est d'Abou Kamach", où se trouve le plus grand complexe pétrochimique du pays, à proximité de la frontière tunisienne, a ajouté le général Ahmed al-Mesmari, le porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar.
Les combats entre les forces loyales au GNA et l'ANL piétinent au sud de Tripoli et ont fait en quatre mois 1 093 morts et 5 752 blessés, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Près de 120 000 personnes ont été déplacées.
Depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte, la Libye est plongée dans le chaos avec des luttes de pouvoir et des milices armées qui font la loi.
Avec AFP