
Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, a salué, mardi, la fermeture du plus grand centre d'accueil de migrants d'Europe, dans la ville de Mineo, en Sicile.
L'ancien plus grand centre d'accueil de migrants en Europe, situé à Mineo, près de Catane dans l'est de la Sicile, a officiellement fermé ses portes, mardi 9 juillet, en présence de son plus grand détracteur, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. "Promesse tenue", s'était félicité l'homme fort du gouvernement italien une semaine auparavant lorsque les derniers hôtes avaient été transférés du centre d'accueil de migrants de Mineo vers une autre méga-structure en Calabre.
"Le centre ferme et c'est une journée splendide", s'est félicité l'homme fort du gouvernement italien, triomphant. "Nous sommes passés des paroles aux faits ! [...] Nous économiserons pas mal d'argent : nous œuvrons pour trouver un nouvel emploi aux ex-travailleurs du centre, mais la Sicile, Catane et Mineo ne peuvent pas baser leur avenir sur l'immigration", a-t-il ajouté.
Cette fermeture s'inscrit dans le durcissement de la politique migratoire en Italie, menée par Matteo Salvini. De leurs côtés, les associations de défense des droits des migrants dénoncent l'impact d'une telle fermeture, laissant des milliers de personnes sur le carreau, puisqu'aucune solution d'hébergement alternative ne leur a été proposée, indique la correspondante de France 24 sur place, Natalia Mendoza.

Mineo avait connu un pic de fréquentation en juillet 2014 avec plus de 4 100 pensionnaires, avant de voir diminuer sa population petit à petit. À l'arrivée de Matteo Salvini au ministère de l'Intérieur, en juin 2018, ils étaient 2 500. Plantés dans ce carré de désert sicilien sous 40 degrés, des militaires interdisent désormais l'accès des lieux et scrutent chaque voiture qui passe.
"Cela aurait pu être une richesse pour le territoire"
Massimiliano Terrasi, un psychologue qui travaillait dans le centre depuis octobre 2011, se sent un peu dépossédé. "Les attentes étaient très élevées à l'origine du centre et nous y avons grandi professionnellement. C'est une expérience que peu de personnes dans le monde ont pu faire", décrit-il. "Bien géré, cela aurait pu être une richesse pour le territoire et la compréhension des populations", regrette-t-il, en laissant sortir sa "colère" face à tant d'années de travail brusquement stoppées, sans reconnaissance.
À l'origine, les migrants disposaient d'assistance, de conditions sanitaires normales. Mais lorsque leur nombre a dépassé les 3 000, les choses se sont gâtées. "Si l'on parle du fonctionnement final du centre, je trouve ça bien qu'il soit fermé. Mais si l'on considère ce qu'il aurait pu être, je trouve ça dommage", résume le psychologue.
Inquiétude des habitants
Le camp a vu le jour sur une ancienne base militaire logeant les familles des militaires américains en poste sur la base voisine de Sigonella. L'endroit a des allures de banlieue américaine avec ses 400 petites maisons jaunes et roses alignées. Les États-Unis avaient annoncé fin 2010 qu'ils résiliaient leur contrat de location. L'installation du centre dans une telle structure a provoqué l'inquiétude des habitants de la région, voire la jalousie chez les Siciliens dans le besoin.
On a aussi reproché aux étrangers de casser le marché des travailleurs journaliers au moment de la récolte d'oranges, car ils étaient prêts à travailler sans être déclarés pour 10 à 20 euros par jour. Mais le centre a aussi été une manne en employant jusqu'à 400 salariés locaux. Le nouveau maire de Mineo, Giuseppe Mistretta, a d'ailleurs menacé de démissionner si l'État n'aidait pas sa commune à faire la transition.
Plusieurs enquêtes en cours
"La fermeture de Mineo est l'épilogue inexorable d'une grande illusion, dans une terre affamée d'emplois", décrit Nello Musumeci, président de droite de la région Sicile. Plusieurs enquêtes judiciaires sont en cours, impliquant notamment l'ancienne maire de la commune de Mineo et l'ancien directeur du centre notamment pour corruption dans l'attribution de marchés. En janvier, la police a même démantelé une cellule mafieuse nigériane basée au cœur du centre, gérant un trafic de cocaïne et de marijuana ainsi qu'un réseau de prostitution.
Si l’Italie a durci sa politique migratoire, les migrants, eux, continuent d'affluer. Mardi 9 juillet, le navire humanitaire allemand Alan Kurdi a débarqué dans l’île méditerranéenne de Malte, avec 44 migrants à bord, tous secourus au large de la Libye. Le nombre d’arrivées dans l'île voisine a donc atteint 109 personnes : dimanche, le même bateau avait déjà accosté à Malte avec 65 autres migrants.
Avec AFP