
Les milices arabo-kurdes soutenues par les États-Unis ont entamé vendredi la bataille finale en Syrie contre les jihadistes de l'Organisation État islamique, qu'ils ont encerclé dans leur dernier réduit à Baghouz, près de la frontière irakienne.
À Baghouz, dans la province orientale de Deir Ezzor, les combattants de l'organisation État islamique (OEI) défendent leur dernier bastion en Syrie. Les combats font rage, samedi 2 mars, entre les forces arabos-kurdes et les jihadistes, au deuxième jour d'une bataille finale censée sonner le glas du "califat" proclamé par l'OEI.
Le dernier carré des jihadistes se résume à quelques pâtés de maisons accolées à un camp informel dans la périphérie Est de la ville, non loin de la frontière irakienne. Encerclés depuis des semaines par les Forces démocratiques syriennes (FDS), fer de lance de la lutte anti-OEI en Syrie, les derniers jihadistes sont retranchés dans des tunnels, au milieu d'un océan de mines.
"Des combats intenses ont lieu en ce moment", a affirmé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat un responsable des FDS, qui contrôlent la majeure partie de Baghouz. "Nos forces avancent depuis deux axes" et ont déjà progressé "d'environ un kilomètre" dans une zone tampon qui les sépare de la poche jihadiste, a-t-il ajouté.
Kamikazes, tireurs embusqués et mines peuvent ralentir l'offensive
"Nous ne pouvons pas fixer de calendrier pour cette bataille - deux semaines, trois semaines ou une semaine - cela dépendra des surprises que nous aurons en chemin", a affirmé à l'AFP Adnane Afrine, porte-parole des FDS.
La prudence est toutefois de mise "en raison de la présence de nombreux tunnels" et de jihadistes armés "de ceintures explosives", a assuré un commandant sur le terrain, qui a dit s'attendre à des attentats suicide.
Pour résister, "l'OEI compte sur les tireurs embusqués et les mines", a-t-il expliqué.
Soutenues par une coalition internationale anti-OEI conduite par les États-Unis, les FDS, engagées depuis septembre dans cette offensive, avaient suspendu leurs opérations pendant plus de deux semaines pour épargner les civils et permettre leur évacuation. "Ceux qui ne se sont pas encore rendus, ils mourront sur place", a prévenu Adnane Afrine.
Des milliers de personnes - femmes et enfants surtout - ont ainsi pu quitter la région. Et depuis décembre, au total quelque 53 000 personnes, dont plus de 5 000 jihadistes qui ont été arrêtés, l'ont quittée, selon l'OSDH.
Jeudi, un porte-parole des FDS, Mustapha Bali, a affirmé que les civils "qui se trouvaient encore à l'intérieur ne voulaient pas partir", relatant les récits de civils déjà évacués. Une présence de civils retenus par l'OEI pourrait retarder l'assaut en cours.
La grande majorité des personnes évacuées sont transférées vers le camp de déplacés d'Al-Hol dans la province de Hassaké, plus au nord, où elles s'entassent dans des conditions qualifiées de "rudes" par des ONG.
L'ONU a appelé à une levée de fonds urgente. "Davantage de tentes, de vivres, d'eau, d'équipements sanitaires et médicaux (...), sont nécessaires de toute urgence".
L'OEI en train de se tranformer en organisation clandestine
La perte de la poche de Baghouz signifierait la fin territoriale du "califat" de l'OEI qui a déjà entamé sa mue en organisation clandestine. Ses combattants ont fui dans le désert syrien qui s'étend du centre du pays à la frontière irakienne et parviennent toujours à mener des attentats meurtriers.
Selon Adnane Afrine, "le 'califat' disparaîtra géographiquement avec la prise de Baghouz, mais idéologiquement et avec les cellules [dormantes] ce ne sera pas la fin" de l'OEI.
D'ailleurs, l'armée américaine a averti récemment, qu'en cas d'absence d'un engagement soutenu contre l'OEI, il ne faudrait à ce groupe que six à douze mois pour entamer une "résurgence".
Avec AFP