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Moscou va déployer de nouveaux missiles en Crimée

Quelques jours après avoir arrêté 24 marins ukrainiens pour "violation maritime", la Russie a dénoncé, mercredi, une "provocation" de Kiev et annoncé le renforcement de son dispositif militaire en Crimée avec des missiles S-400.

L’escalade se poursuit entre Moscou et Kiev. La Russie a annoncé, mercredi 28   novembre, le prochain déploiement d'un nouveau système de missiles antiaériens dans la péninsule de Crimée. Une nouvelle étape dans le regain de tensions entre les deux pays, depuis l'arraisonnement de trois navires ukrainiens dans la mer d'Azov.

Les nouveaux missiles S-400 devraient etre mis en place dans les prochaines semaines afin de "protéger l'espace aérien de la Fédération de Russie" a déclaré un porte parole de l'armée, Vadim Astafiev, à l'agence de presse Interfax. Il s'agira du troisième système antiaérien de ce type en Crimée, où la Russie a considérablement renforcé son arsenal militaire depuis l'annexation de la péninsule en 2014.

Poutine dénonce une "provocation" électoraliste

Vladimir Poutine s’est, par ailleurs, exprimé pour la première fois depuis l'incident du weekend entre les deux pays. Le président russe a accusé son homologue ukrainien, Petro Porochenko, d’avoir orchestré une "provocation" contre Moscou dans un but électoraliste. "Elle a été organisée par le président avant les élections. Il est cinquième dans les sondages et il devait donc faire quelque chose. Cela a servi de prétexte pour imposer la loi martiale", a déclaré le président russe.

Dans la journée, Petro Porochenko a validé l’application de la loi martiale, votée par le Parlement, pour une durée de 30 jours renouvelable. Cette mesure exceptionnelle ne s’applique qu’aux zones jugées les plus vulnérables à une éventuelle invasion russe. Si la loi martiale permet un contrôle strict des rassemblements publics et des médias, le président ukrainien affirme qu’elle est ici utilisée à des fins dissuasives, comme mesure de protection contre Moscou   : "L’objectif est de montrer que l'ennemi payera très cher s'il décide de nous attaquer" a-t-il précisé.

Porochenko demande de l'aide à l'Otan

Petro Porochenko a également demandé jeudi aux pays membres de l'Otan et notamment à l'Allemagne de déployer des navires en mer d’Azov. "L'Allemagne est l'un de nos plus proches alliés et nous espérons que des pays au sein de l'Otan sont désormais prêts à dépêcher des navires en mer d'Azov pour aider l'Ukraine et y assurer la sécurité", a-t-il déclaré au quotidien allemand Bild.

Le président russe Vladimir Poutine "ne veut rien de moins qu'occuper la mer (d'Azov). Le seul langage qu'il comprenne est l'unité du monde occidental", a poursuivi Petro Porochenko. "Nous ne pouvons pas accepter cette politique agressive de la Russie. Ce fut d'abord la Crimée, puis l'est de l'Ukraine, il (Vladimir Poutine) veut maintenant la mer d'Azov", a-t-il souligné. Le président ukrainien a lancé un appel appuyé à la chancelière allemande, Angela Merkel : "En 2015, a-t-il dit, elle a déjà sauvé notre pays par les négociations de Minsk (pour trouver une solution dans l'est de l'Ukraine) et nous espérons qu'elle nous soutiendra une fois de plus aussi fort, avec nos autres alliés."

Des marins placés en détention provisoire

Dimanche, la marine russe a intercepté trois navires ukrainiens dans le détroit de Kertch, unique accès maritime entre la mer Noire à celle d'Azov (partagée par les deux pays). Lors de l’opération, les forces russes ont ouvert le feu, 24 marins ont été arrêté dont trois hospitalisés pour blessures. Le Kremlin s’est dit prêt à fournir toutes les informations prouvant l’exactitude de sa version des faits et affirme avoir refusé une tentative de médiation téléphonique du président ukrainien à propos du sort des marins.

Ces derniers risquent plusieurs années de prison, selon Moscou, pour violation maritime des eaux territoriales russes et refus d’obtempérer. Plusieurs ont déjà été placés en détention provisoire. Kiev demande leur libération dénonçant le caractère "illégal" de leur détention ainsi que le retour des navires saisis.

Avec AFP