Après avoir enregistré trois décès liés à la grippe A (H1N1) en Nouvelle-Calédonie, la France décide d'y dépêcher des renforts sanitaires. Affirmant que le pic de l'épidémie a été franchit, les autorités locales se veulent rassurantes.
AFP - Deux personnes, dont la santé était fragile, sont décédées depuis mercredi des suites de la grippe A(H1N1) en Nouvelle-Calédonie où une fillette de 8 ans était morte dans les mêmes conditions en début de semaine, amenant l'Etat a annoncé l'envoi de renforts sanitaires.
Les autorités locales à Nouméa assurent cependant que l'épidémie a atteint son maximum.
Elles évaluent à 20.000 le nombre d'habitants qui pourraient avoir été touchées par le virus dans l'archipel.
A ce stade l'Institut national de veille sanitaire a fait état de 311 cas confirmés sur 250.000 habitants, à comparer aux 783 confirmés décomptés en métropole le 18 août, sur 63 millions d'habitants.
Des renforts médicaux et techniques vont être dépêchés "dans les prochaines heures" dans l'archipel, ainsi qu'en Polynésie: médecins et infirmières, mais aussi stocks de médicaments, respirateurs, a précisé le gouvernement.
Les deux personnes décédées à Nouméa, une femme de 58 ans et un homme de 27 ans, ont succombé à une pneumopathie. "Les tests ont confirmé à 100%" qu'elles étaient atteintes du virus de la grippe A(H1N1), de même que la fillette décédée lundi, a indiqué vendredi Philippe Dunoyer, membre du gouvernement calédonien chargé de la santé.
Ces trois décès en une semaine portent à cinq le nombre de morts en France liés à la grippe A.
Tous étaient considérés comme à risque en raison de pathologies dont la nature n'a pas été précisée par respect du "secret médical".
Le chiffre de 20.000 potentiellement contaminés, soit 8% de la population de Nouvelle-Calédonie est "sûr à 80-85%", selon M. Dunoyer. Il a été établi "sur la base des prescriptions de Tamiflu, des absences dans les écoles essentiellement en province Sud, et des remontées du réseau Sentinelle" (médecins du public et du privé).
Mais l'épidémie a, selon lui, "pratiquement atteint son plus haut niveau" en cette saison hivernale, propice à la grippe saisonnière dans l'hémisphère Sud.
Selon le responsable des affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie, Jean-Paul Grangeon, il faudra toutefois "attendre environ un mois avant d'entrer dans la phase descendante".
Les hôpitaux ne sont pas débordés "même si la situation est un peu tendue", selon M. Dunoyer.
"Il n'y a aucun risque de pénurie" de matériel anti-grippe, selon M. Dunoyer, la Nouvelle-Calédonie disposant d'un stock de 30.000 boîtes de Tamiflu adulte et 14.000 boîtes pédiatriques et 1,3 million de masques.
Pas de panique non plus dans les écoles qui restent ouvertes alors qu'en métropole, la règle, pour la rentrée prochaine, est de fermer un établissement si trois cas y sont détectés en moins d'une semaine.
Les écoles primaires de la province Sud ont d'ailleurs constaté une "nette décrue de l'absentéisme passé de 10% le 5 août à 29% le 14 août et revenu à 10% aujourd'hui", a expliqué M. Dunoyer.
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a jugé le scénario des 20.000 cas potentiels pas "improbable" et susceptible de la situation en métropole à l'arrivée du froid.
Alors que le gouvernement se prépare tous azimuts à faire face à une montée de l'épidémie, certaines voix critiquent un "emballement politico-médiatique", comme Marc Gentilini, ancien président de la Croix-Rouge française, qui a demandé vendredi à Nicolas Sarkozy et François Fillon de "refixer le cap".